Cette nuit, la Provence a revêtu son blanc manteau. Près de 20 cm de blancheur à perte de vue, c'est
pas rien par ici ! La lavande, le romarin et le thym ont pris leur quartier d'hiver. Et à l'heure où j'écris, les flocons tombent toujours. La neige s'est invitée dans mon jardin et je n'ai pas
pu m'empêcher de chambouler l'ordre de parution de mes chroniques. Le rapprochement avec la BD, Le jardin des glaces est évident et donc Les chants de la walkyrie attendront
quelques jours de plus. D'un côté c'est pas plus mal. Cela me laisse le temps d'embellir, de belles illustrations, cette chronique qui me tient à coeur.
Editions Dupuis - Collection Aire Libre -
BD - Novembre 2008 - 62 p.
Quelque part dans la campagne ardennaise, un vieil homme coiffé d’un chapeau de paille s’active dans son jardin.
En accord avec la nature, Arnold Francart s’émerveille de la beauté qu’elle offre à celui qui sait en prendre soin. Autrefois climatologue, il note aujourd’hui chaque évolution de son jardin et
de ses petits habitants - abeilles, mésanges et autres petites bêtes -, dans l’espoir d’oublier un drame qui mit fin à sa carrière d’explorateur, une décennie plus tôt. Mais l’arrivée d’une jeune
étudiante en géographie va bouleverser le cours paisible qu’avait pris sa vie.
S’inspirant du passé authentique d’Alain Hubert, aventurier des glaces, Jean-Claude Servais plante sa trame dans un jardin des plus bucoliques,
alimentée par de nombreux flash-back se déroulant en Arctique. Cet amoureux de la nature en profite pour soulever - à la manière d’un prologue pour le moins militant - la question du
réchauffement climatique et des conséquences néfastes qu’il entraîne déjà dans le lointain pôle nord. Véritable thriller écologique, Le jardin des glaces démarre, non pas sur les
chapeaux de roues mais paisiblement à l’instar du personnage principal, contemplatif dans l’âme. Pourtant, au rythme des saisons et des apparitions de Barbara, la tension monte
progressivement, se resserrant autour d’un secret, qui au fil des révélations faites par le vieil homme, va se conclure sur une note des plus amères. Les apparences sont bien souvent
trompeuses et l’auteur n’hésite pas à en jouer.
Les décors champêtres comme les grands espaces arctiques sont d’une grande beauté et détaillés à l’extrême. Jean-Claude Servais est très pointilleux et s’applique à reconstituer
la faune et la flore dans le moindre détail. C’est ainsi que naissent la danse bruissante des bourdons, le vol délicat des papillons, le rouge éclatant des coquelicots ou la blancheur
infinie de la banquise. De plus, la mise en couleur vient avec panache, renforcer la beauté des traits.
Cerise sur le gâteau, la collection Aire Libre fêtant ses 20 ans d’existence, propose un tirage spécial agrémenté d’une jaquette et d’un très beau cahier de croquis. Au final,
Le jardin des glaces est un merveilleux hymne à Dame Nature doublé d’une intrigue captivante et mérite bien l’attention des lecteurs.
Ma note :